Vit en Italie à Livorno
Dans le travail de Michelle ODELIN, les formes, les couleurs, le support, s’interpénètrent pour créer une unicité dans laquelle, les visages, les animaux, les objets, les signes donnent vie à une sorte d’alphabet visuel qui s’apparente, d’une manière totalement autonome, à la recherche de Nicki de Saint Phalle ou à certaines expressions de la culture figurative magrébine et aussi en partie à certains travaux du grand maître à penser Gillo Dorfles mais, à mon avis, pour rendre compte de la très grande originalité de sa recherche, il faut regarder en direction des travaux de Hundertwasser, le grand maître autrichien qui, lui comme Odelin, a donné vie à un monde spécifique dans lequel l’ingéniosité du signe se marie avec une intensité de couleurs visionnaire.
Mais son travail est autonome car il naît dans son inconscient d’une volonté innée et puissante de communiquer et non de la volonté d’écrire des pages indélébiles dans l’histoire de l’art, en la laissant ainsi libre de s’exprimer dans la forme comme elle se sent le mieux afin de réaliser un parcours artistique sincère, engagé, et pour cette raison, personnel.
Comme écrivait Kandinsky dans Le chevalier bleu « la chose la plus importante n’est pas que la forme résulte personnelle, nationale, riche de style, qu’elle corresponde au mouvement principal de l’esprit du temps, qu’elle soit analogue à beaucoup ou à peu d’autres formes, qu’elle subsiste ou moins séparément, la chose plus importante qui regarde le problème de la forme est qu’elle émerge ou moins d’une nécessité intérieure » et c’est sans doute que le travail de Odelin, sa recherche obstinée menée pendant toutes ces années, fait partie d’une nécessité intérieure, d’une pression émotionnelle interne qui, avec puissance, la pousse à exprimer des formes et des couleurs qui sont pressenties intérieurement dans l’intime de son esprit et qui réclament, mystérieusement, d’être mises en lumière parce que, comme écrivait August Macke « la forme est mystère pour nous, étant l’expression de forces mystérieuses. Seulement à travers la forme nous pressentons les forces secrètes, le Dieu invisible ».
Dans son parcours artistique Michelle Odelin n’a pas regardé le passé pour récupérer un mode plus opératif peut être plus facile et plus rentable, comme par exemple, la récupération d’une certaine voie post-post impressionniste, voie plus facile rebattue par beaucoup, mais elle a préféré conduire un travail plus intime sur la forme, sur le signe, sur la couleur en suivant de manière très personnelle l’esprit Kandinskiano et trouvant au contact des cultures méditerranéennes la juste étincelle qui a fait éclater sa créativité, en lui permettant ainsi de se prédisposer à accueillir la partie plus essentielle de son expressivité, devenant ainsi capable, jour après jour, d’être toujours plus libre, autonome, créative et donc artiste dans le plein sens du terme parce que « seulement la liberté permet d’accueillir ce qui viendra ».
Vincenzo SANFO
Critique d’art